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La chasse, une passion grandissante

Par Luc-Hervé Blouin

Avez-vous déjà entendu un groupe de chasseurs se raconter leurs histoires ? Si oui, vous avez certainement aperçu la passion dans leurs yeux, la vibration changer dans leur voix, l’intensité monter dans la pièce et l’adrénaline remplir l’atmosphère. Ces souvenirs sont toujours racontés comme si c’était hier, même s’ils datent de 50 ans. Ce sont des gens qui, chaque année, quittent la routine de tous les jours pour vivre un moment simple et pur. La chasse aide à oublier le stress de la vie, les problèmes restent à la maison. Le chasseur fouille dans sa poche arrière, sort son sourire et se le colle dans la face ! C’est aussi une occasion de voir les « chums », ceux qu’on ne voit jamais assez durant l’année.

 

Ce sont ces raisons qui m’ont attiré vers la chasse. Si chaque automne peut me permettre de créer des moments mémorables, et bien, pourquoi pas? En tant que passionné de pêche à la mouche, la chasse représente depuis plusieurs automnes une partie infime de mon temps. Après tout, l’automne c’est le temps où l’eau refroidit et où les gros poissons sortent des profondeurs pour se nourrir davantage. C’est une saison nostalgique qui nous fait rêver à notre poisson monstre, à notre trophée auquel on a pensé tout l’été. Un rêve qui s’efface à mesure que les journées raccourcissent, que le mercure descend sous zéro et que la glace s’empare de notre cœur de pêcheur.  Les poissons ralentissent alors que d’autres espèces se mettent à bouger davantage.

 

 

Parallèlement, c’est le temps du rut chez les cervidés !  Moi et mon frère, Louis-Daniel, chassions déjà le chevreuil depuis quelques années. Notre stratégie était fort simple, mettre un tas de pommes dans une trail de chevreuil avec le vent dans face et s’asseoir. Bien que l’activité soit plaisante, trop souvent les journées paraissaient longues et les pieds nous gelaient. Les résultats n’étaient pas au rendez-vous, mais nous restions très motivés. Cette saison de chasse 2016 marqua alors un moment décisif dans notre vie de chasseurs.

Lorsque nous allons à la pêche, nous passons des heures à essayer de comprendre le poisson. Les recherches commencent dans notre salon. L’idée, c'est de nous renseigner un maximum sur le poisson, sa physionomie, ses habitudes alimentaires, la température de l’eau qu’il préfère, ses principales fenêtres d’activités, le meilleur temps pour l’attraper, l’équipement nécessaire et bien plus. Rien n’est laissé au hasard, les mouches sont montées avec soin, les bas de lignes sont inspectés à la loupe. Ensuite, nous sortons les cartes bathymétriques du secteur de pêche et nous tentons de prévoir l’emplacement et le comportement du poisson en prévision d’une sortie. Ceci représente des dizaines d’heures de plaisir accompagné d’un grand sentiment de fierté lorsque les recherches portent fruit et que le poisson est déjoué.

 

 

Par un beau matin, j’ai regardé mon frère en disant : « Veux-tu bien m’dire pourquoi on ne fait pas ça à chasse !? »  C’est comme si un éclair nous avait frappés ! Let’s go, c’est parti pour des heures de recherches dans l’objectif de devenir deux vrais chevreuils qui habitent dans un cinq et demi à Sherbrooke. Les magazines, les vidéos et les réseaux sociaux nous ont permis d’apprendre un tas de trucs. Les gens ne se gênaient pas pour nous aider et nous donner des conseils. Aussi, notre cousin François Blouin, guide de chasse et de pêche ainsi que notre beau-père Yanick, furent des acolytes précieux dans notre quête de connaissances.  Ces recherches nous ont amenés à refaire la prospection de notre territoire dans l’objectif de comprendre le déplacement du cerf de Virginie. Les recherches, c’est bien beau, restent maintenant à voir si l'on peut les appliquer sur le terrain.

 

 

« Enwaye dans l’bois »

Le mot d’ordre de notre saison de chasse 2017 est : essayer ! À la pêche, l’une des meilleures façons d’apprendre, c’est de sortir de notre zone de confort, d’oser essayer. Cette situation est gagnante dans tous les cas. Si cela fonctionne tant mieux, sinon on peut analyser les résultats et tenter de comprendre pourquoi la tactique n’a pas fonctionné, toujours dans l’objectif de ne plus refaire ces erreurs. Faire des erreurs pour apprendre, c’est ce que nous allons faire à la chasse. Notre première tentative fut de faire une ligne de grattage et d’utiliser nos calls pour faire venir un buck en plein rut. L’un appelait la femelle et l’autre 200 pieds plus loin appelait le mâle. Les résultats ne se firent pas attendre. Le deuxième matin, un buck mature, courant à pleine vitesse, me rentre en plein dans le dos ! Malheureusement, le vent poussait vers lui et il m’a détecté, mais wow ! Quel rush d’adrénaline incroyable !

 

 

La fin de semaine suivante, Louis imite la femelle en chaleur et un beau six pointes vient vers lui. Ce buck futé est resté dans la forêt dense, ne lui laissant jamais la chance d’effectuer un tir de qualité. Ce fut les seules interactions de notre saison 2017. Malgré tout, nous étions très fiers. Faire venir deux bucks en sept jours de chasse était la preuve que nous étions sur la bonne voie. Nous avons fait beaucoup d’erreurs et appris beaucoup. Ce n’était que partie remise pour la saison 2018.

 

 

Capitaine crochet

Le 3 novembre 2018 marque l’ouverture de la chasse au cerf de Virginie dans la zone 04. Notre plan de match était simple, prélever un chevreuil chacun le premier samedi pour ensuite retourner moucher le maskinongé. Ce matin-là, les conditions météorologiques étaient difficiles. Le vent soufflait très fort et il pleuvait tellement qu’il était difficile de voir à plus de 30 mètres. Nos recherches sur le cerf nous ont appris qu’il se sert principalement de son odorat, ensuite vient son ouïe qui est très aiguisée et en troisième lieu, sa vue. Nous savons aussi que la vue humaine est meilleure que la sienne. Dans ces conditions, le vent masquait mes déplacements. C’est impossible d’entendre quoi que ce soit d'autre que les branches qui tombaient et les arbres qui se cognaient les uns sur les autres. La pluie réduisait la visibilité et camouflait aussi une certaine partie des odeurs. J’en concluait que c’était un moment idéal pour faire de la chasse fine. Auparavant, Louis-Daniel et moi avions ciblé un dortoir contenant plusieurs arbres déracinés et de la forêt très dense. Dans ces conditions, si j’étais un cerf, c’est là que j’irais me cacher ! Ma décision était donc prise, je partis en chasse fine. Peu de temps après, mon linge était déjà trop mouillé, je suis tombé dans un trou d’eau, mais je restais attentif au moindre détail. Tout en prenant bien soin que le vent pousse mon odeur derrière moi pour ne pas me faire sentir, je m’approchai très lentement du dortoir. Un chevreuil pouvait être couché n’importe où. Une heure plus tard, près d’une clairière, je tournai la tête et IL Y A UN CHEVREUIL !  C’EST UN BUCK EN PLUS !!! Mon cœur s’emballe, il est debout à 25 mètres de moi. Il faut faire vite, car je suis à découvert. J’abaissai le chien de ma vieille 30-30 avec lunette de visée décentrée, j’épaule, je vise et le télescope s’embue. Je suis sur le point de le perdre ! Heureusement, le chevreuil était bien placé, c’est à ce moment que la planète arrête de tourner, alors que j’expulse l’air de mes poumons et laisse partir le tir. C’est un tir parfait en plein au cœur ! Le buck fait 30 mètres et s’effondre. Instantanément, le buck fever s’empare de mon corps, je tremble, je pleure en hurlant « BUCK DOWN » !  Je n’aurais jamais pensé pleurer de joie autant que ça dans ma vie. J’ai ensuite texté mon frère pour qu’il vienne m’aider parce que ce chevreuil n’était pas sorti du bois ! Lorsque j’ai vu le visage de mon frère avec le sourire accroché aux oreilles, rempli de fierté, j’ai compris que la chasse allait faire partie de nos vies pour très longtemps. Ce sont des heures de travail et de recherches qui venaient d’être récompensées. Ce buck, surnommé Capitaine crochet, va faire partie de nos histoires de chasse pour toujours.

 

 

La non-conclusion

À l’école, on nous apprend à faire une conclusion avec un petit récapitulatif pour mettre le lecteur en haleine, dans l’espoir qu’il désire en lire davantage. Ceux qui suivent mes chroniques radio sur les ondes de « Simplement plein air » savent que les conclusions n’est pas ma tasse de thé. Mieux vaut en mettre plus dans le contenu principal. Une conclusion met fin à une histoire, sauf que je n’ai pas envie que ça finisse. Pour les chasseurs et les pêcheurs, la fin n’existe pas. Il n’y a que des commencements.

 

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